Séjour tranquille à Guayaquil (31/07/2011 - Guayaquil)
ESP / Dejamos Perú para Guayaquil, la capital económica del Ecuador. Si hace mucho calor en esta gran ciudad situada cerca del río Guayas, ella ofrece, a pesar de todo, numerosos y interesantes atractivos : un parque habitado por iguanas, un malecón moderno, sombreado y agradable, así como el cerro Santa Ana, donde hay hermosas casas coloreadas. Desgraciadamente, la miseria es visible bajo las apariencias.
ENG / We leave Peru for Guayaquil, economic capital of the Equator. If the weather is very warm in this big city situated near the river Guayas, the town offers nevertheless numerous attractions : a park inhabited by iguanas, a modern, shaded and pleasant pier, as well as the hill Santa Ana, where there are beautiful colored houses. Regrettably, the poverty is visible under appearances.
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Au revoir le Pérou ! (30/07)
Alors que nous nous éveillons, les paupières encore lourdes de sommeil, le bus poursuit sa remontée le long des côtes péruviennes. Les paysages sont d'une aridité extrême. Après Máncora, d'immenses plages de sable blond, quasi-désertes, se succèdent. A onze heures, nous parvenons au poste frontière d'Aguas Verdes - Zarumilla qui annonce notre sortie du pays. Quand chacun a obtenu son tampon de sortie, le véhicule reprend sa course dans une cohue indescriptible, traverse un pont, et nous voilà enfin à Huaquillas, en Equateur. Mais l'épopée n'est pas terminée : il faut encore slalomer entre marchands de fruits et joueurs de cartes qui ont renversé des caisses en bord de route pour s'adonner à leur passe-temps favori, rouler un bon quart d'heure en direction de la sortie de la ville, pour enfin tomber sur le complexe où l'on peut réaliser les formalités d'entrée. Comme nos collègues de voyage, on récupère en toute hâte l'indispensable tarjeta andina (la carte andine) et on se précipite vers les guichets : en pleine forme, nous passons ainsi dans les premiers, ce qui nous laisse du temps pour profiter de notre première salade de fruits équatorienne, que nous offrent grâcieusement nos sympathiques voisins de siège (les ananas du pays sont les meilleurs du monde !).
L'inextricable frontière péruano-équatorienne
Un air de Brésil ? Non, c'est Guayaquil !
La route qui mène à Guayaquil est bordée de manière presque ininterrompue de champs de bananiers, devant lesquels on retrouve de petites maisons en bois sur pilotis. Il a l'air de pleuvoir sacrément ici... D'ailleurs, le ciel gris et bas pleure quelques larmes contre les vitres du bus. A dix-huit heures, après avoir traversé de nombreux faubourgs, nous parvenons enfin dans la « Perle du Pacifique » qui, avec ses près de trois millions d'habitants, est la vraie capitale économique du pays. Logée sur la rive droite du fleuve Guayas, formé par la confluence des rivières Daule et Babahoyo, elle est un des plus grands ports de la côte ouest sud-américaine. Une concurrence pour Quito, ce qui explique la rivalité forte existant entre les « Serranos » (ceux de la Sierra) et les « Monos » (les « singes », sobriquet assez péjoratif utilisé couramment par les Quiteños pour désigner leurs frères du littoral).
Pancarte d'un restaurant de Guayaquil : on a pensé à toi, Nico,
on ne savait pas que tu étais spécialiste des côtelettes...
Il règne dans la ville une chaleur moite, étouffante, et la sueur semble être ici un compagnon fidèle. Nous évoluons comme dans un sauna, et le seul refuge est l’eau bienfaisante de la douche (une fois chassés les quelques cafards…). L’absence complète de draps dans le petit hôtel où nous posons nos sacs avec soulagement confirme d’ailleurs, s’il en était besoin, que le souci de se réchauffer n’est pas une priorité locale !
A la nuit tombée, nous partons en promenade dans les larges rues désertées du centre. Le rincón où nous choisissons de dîner est heureusement plus animé : l’occasion de déguster notre premier seco de pollo (plat typique de l'Équateur, à base de pièces de poulet, rôties dans une marmite avec oignons et épices). Après le Pérou, ce qui surprend est le fort métissage dont bénéficie la grande cité de la Costa, avec notamment un grand nombre d’Afro-équatoriens. Nous profitons de la relative fraîcheur nocturne en arpentant le très moderne Malecón 2000 : sur des centaines de mètres, le long des eaux boueuses de l’immense Guayas, une foule de badauds vient prendre l’air dans les allées éclairées de ce parc qui constitue un vrai poumon, en plein cœur de la tentaculaire cité.
Nous qui croyions être à Guayaquil...
Jurassic Park ! (31/07)
Nous avons encore une matinée pour approfondir notre découverte de la « Perle du Pacifique ». Pas de temps à perdre ! Après un roboratif petit déjeuner, nous rejoignons le Parque Bolívar, qui n’est en fait qu’un square verdoyant abrité par la cathédrale. Surprise : les allées, les arbres, sont envahis par des iguanes, monstres impassibles jaillis tout droit de la Préhistoire, pour le plus grand bonheur des familles de Guayaquil qui les régalent de feuilles de salade. En véritables stars de cinémas, indifférents à la cohue dominicale qui les entoure, les reptiles se laissent approcher et photographier en un festival d’écailles vertes, de crêtes épineuses et de fanons gulaires d’un bel orangé fluorescent (ce terme désigne la partie de peau que l’iguane arbore sous la mâchoire).
La Belle et la Bête !
Tapis vert pour les iguanes... Le Parque Bolívar est, par ailleurs,
un paradis pour les tortues, les écureuils et autres oiseaux.
Dans la foulée, nous remontons le Malecón 2000, mais cette fois-ci en plein jour. Grâce à ses récentes réalisations, la ville essaie de se débarrasser d'une mauvaise réputation qui lui colle à la peau, entretenue par les informations télévisées locales. Entre le Palacio de Cristal (une conception de Gustave Eiffel) au sud de la promenade, et le grand complexe cinématographique situé au nord, cet aménagement récent de la rive droite du fleuve offre une parenthèse agréable au milieu de la fébrilité ambiante. Des arbres se balancent au rythme de la brise, les allées proprettes se succèdent, quelques œuvres d’art ainsi que de chics voiliers amarrés donnent une touche esthétique. Implantés dans le site, de nombreux restaurants à la mode et un grand centre commercial, arborant les logos criards des marques américaines, semblent presque noyés par la verdure. Quand le capitalisme se fait presque discret…
Le Malecón 2000 vu depuis une tour d'observation,
avec en fond le cerro Santa Ana et le quartier de Las Peñas
Peines sur la colline...
Au bout du Malecón, plein nord, se dresse le vieux quartier de Las Peñas, bâti fièrement sur le cerro Santa Ana. Ruelles escarpées et cubes colorés : de loin, on dirait un petit Valparaíso ! C'est en ce lieu que furent édifiées les premières pierres de la ville en 1547. Sur chaque maison, des photos en noir et blanc présentent le barrio avant sa rénovation spectaculaire. Nous gravissons ses pentes, parmi des centaines de libellules au vol déroutant : au sommet, après plus de quatre cents marches, un petit phare sert de vigie. De là, le regard porte loin sur le fleuve, dans toutes les directions. Lors de notre redescente, nous esquissons quelques pas vers la droite de l'artère principale. A quelques dizaines de mètres, un mur se dresse sans discontinuer, semblant marquer une frontière. D’un cri, une habitante nous stoppe depuis son balcon : au-delà de la paroi, nous ne sommes pas les bienvenus… Et effectivement, une trouée nous laisse apercevoir un quartier complètement délabré, une favela, presque un ghetto. L’envers du décor ? Il y a eu Berlin, il y a la Cisjordanie, et voilà Guayaquil ; même si l’obstacle est plus poreux que celui représenté par ses collègues, il incarne tout autant un mur d’incompréhension, qu'il soit une limite entre les peuples, ou entre riches et pauvres. Nous saisissons mieux la sécurisation à outrance de Las Peñas : tous les cinquante mètres, un vigile armé monte la garde, une garantie pour les touristes... Ainsi, lorsque Jaime Nebot, le maire social-chrétien (droite) de la ville a eu la bonne idée de retaper le quartier (mais à quel prix ?), il a semblé faire preuve d’une certaine hémiplégie… Un modèle de développement à deux vitesses que ce décor jetant un voile lumineux sur une misère omniprésente, mais presque invisible !
14h30 : nous quittons le gigantesque terminal routier, impressionnant dédale de béton. Escale imprévue, Guayaquil nous aura bien étonnés.
Guayaquil, le 31/07/2011
Guéno