Mission Huatajata, semaine 2 : l'heure du changement (04/06/2011 - Huatajata)

par Asuka et Guéno  -  4 Juin 2011, 22:30  -  #Carnet de route

De fermes résolutions (29 et 30/05)

 

    De retour de La Paz, nous nous décidons à faire une liste de propositions afin d'améliorer le quotidien des enfants. Lors de la réunion du lundi, nous la soumettons à Elena, qui en profite pour rappeler à chacun des employés leurs responsabilités dans l'entretien du foyer. Ainsi, en parallèle de la planification de mes consultations médicales, nous programmons jour après jour une remise en état de l'internat, en vue d'une inspection prochaine promise par les service boliviens de gestion sociale.

 

DSC00400Dans le jardin du foyer

 

    Dans l'après-midi, je débute en examinant les adolescentes. J'essaie au passage de faire un peu d'éducation sexuelle mais je suis surprise par leur ignorance dans le domaine, en particulier à propos du fonctionnement de leur propre corps. Je commence aussi le traitement contres les verrues (une petite dizaine d'internes sont concernés et sont bien heureux que l'on s'occupe de ces disharmonieuses excroissances qui envahissent leurs petites mains). Quant aux dermatites dues à l'altitude, on verra plus tard... Pour Guénolé aussi, c'est l'heure de se jeter dans le grand bain et d'organiser ses premiers jeux en espagnol. En fin de journée, je peux enfin le rejoindre sur le terrain de sport pour participer aux activités physiques (voire très physiques, à 3800m !) avec les enfants.

 

Et c'est parti ! (31/05 et 01/06)

 

    Le mardi matin, nous nous réunissons cette fois avec les cinq éducatrices. Globalement en accord avec notre planning, elles sont motivées malgré l'importante charge de travail. L'homme à tout faire Don B. nous fait part de ses possibilités et de tout ce dont il a besoin pour réaliser les réparations nécessaires.

 

    Le lendemain matin commence donc le grand réaménagement. Nous débutons par la despensa (lieu de stockage des aliments), la oficina (le bureau) et la future ludothèque, qui sont toutes les trois situées dans un même bâtiment en adobe. Tout est déplacé, trié, nettoyé et ordonné. A dix, nous venons à bout de l'ensemble avant le déjeuner. Je peux ainsi reprendre au moment de la sieste mon rythme de consultations, soit sept à huit enfants en trois heures puisque je perds pas mal de temps à aller les chercher un par un. Le soir, un méchant virus m'envoie au lit prématurément, sans même dîner.

 

DSC00617Cuisine au foyer

 

Recadrage (02/06)

 

    Jeudi matin, nous retrouvons le foyer dans un mauvais état : des détritus éparpillés partout, de l'urine dans les chambres, ... De plus, les pensionnaires ont eu vingt minutes de retard à l'école. Cela ne passera pas inaperçu et Guénolé pousse une « gueulante » au moment du déjeuner. Sa grosse voix grave et sa fermeté impressionnent les enfants. Il exige à juste titre la limpieza general (le grand nettoyage). Qui ne dit mot consent : les internes font le ménage une bonne partie de l'après-midi. Dans mon mini-cabinet de fortune, je vois les tout-petits, si mignons, tranquillement, loin de l'agitation extérieure.

 

DSC00633Nataly à la consultation médicale d'Asuka

 

    Une fois le foyer remis en ordre, direction la cancha pour un grand match de football. Afin de parvenir sur le pré, il faut dévaler une pente herbeuse, slalomer entre un âne et deux vaches, puis traverser la route qui mène à Copacabana. Malgré mes réticences, les enfants tiennent à jouer sur l'intégralité du terrain. Ce premier vrai effort physique à cette altitude restera longtemps gravé dans ma mémoire. Un débordement de cinquante mètres sur l'aile se transforme en cross-country dont il faut cinq minutes pour récupérer... Je me revois encore, alors que mon équipe était menée, vouloir aller seul au but (j'ai pris exemple sur les gamins...), dribbler trois enfants, pour finalement venir buter sur le dernier défenseur, un petit de sept ans, par manque de lucidité. Avec dans la foulée voile noir devant les yeux et recherche désespérée d'oxygène, bouche gtande ouverte ! Bref, j'ai vite compris : si la plupart des jeunes ont passé leur temps à courir comme des lapins, moi j'ai choisi mon poste et je n'en ai plus bougé (qui a osé dire gardien de but ?). Sur le bord du terrain, Asuka, qui a terminé ses consultations, construit une jolie cabane avec les plus petits qui ne peuvent jouer au football.

 

    A la tombée de la nuit, après avoir affronté le « K'ari K'ari » sur le chemin du retour, Jhony m'apprend à faire du « biste » (sauce à base de piment, cumin, poivre, oignons, carottes et pommes de terre, bien sûr) accompagnant un silpancho (fine escalope de boeuf panée) et des pâtes. Ce dîner tardif mais convivial termine la journée chaleureusement.

 

Un jour comme un autre ? (03/06)

 

    Vendredi, nous aidons Jhony à préparer l'arrivée de deux groupes pour un déjeuner au restaurant. Le long casse-tête du montage de grandes tentes nous occupe la matinée et, comme une récompense, une fois tout en place, Elena nous apporte un délicieux sandwich à l'œuf au plat, nous évoquant un instant le soleil burkinabé (où nous avions nos habitudes matinales à Ouagadougou...). A midi, un défi « instituteurs vs. éducatrices » au volley-ball anime la cour de récré. La défaite des éducatrices (malgré le renfort de Monsieur le professeur d'EPS, héhé...) ne nous empêchera pas de continuer notre régime sopas y papas !

 

DSC00593Salle de classe, Sankajahuira

 

    Pendant que Guénolé continue d'initier les enfants à de nouveaux jeux, je poursuis mes visites médicales. Cette fois, je vois les « moyens », de huit à onze ans, bien plus agités et indisciplinés, mais tout aussi touchants et attachants que les tout-petits. Ils sont en bonne santé mais leurs dents sont dans un état catastrophique. Pour certains, il est plus rapide de compter les dents saines plutôt que les dents cariées (quand il n'y a pas juste un trou noir à la place...). Quotidiennement, les enfants se plaignent de douleurs, mais comme il n'y a pas de spécialiste de l'odontologie dans la région, ils restent avec leurs malheurs.

 

DSC00734Atelier photographies avec les enfants :

tous n'arrivent pas encore à stabiliser l'appareil...

 

Soirée, alcool et traditions boliviennes

 

    Après le souper, nous retrouvons l'équipe au restaurant. Nous nous présentons aux comptables de Cochabamba, arrivées dans l'après-midi pour aider à la remise en ordre administrative de la succursale de Huatajata. Un volontaire suisse les accompagne. La moitié des filles sont déjà bien éméchées à vingt heures, mais ce n'est que le début de la soirée et les caisses de « Paceña » (la bière de La Paz) se vident non-stop. Heureusement pour moi, je n'aime pas la bière et j'échappe ainsi à la spirale infernale de se faire inviter à boire et de rendre l'invitation à son voisin, en un cercle sans fin (un résumé des us et coutumes locales : « Tu comprends, si je t'offre une caisse de douze, bon ben si t'es bien et si tu es poli, tu la partages avec moi, et après tu me rends deux caisses. C'est comme ça à La Paz ! Bon, après on partage, et... »). L'alcool aidant, certains s'épanchent sur leur enfance difficile ou leurs soucis du moment. Nous sommes perplexes devant tant de désespoirs affichés. Par chance, la morenada (danse traditionnelle de La Paz) ramène de la joie. A minuit, le civiliste suisse, Guénolé et moi-même stoppons cette déchéance qui risque de finir pour les Boliviens en coma éthylique dans peu de temps ! Ils disent que c'est culturel...

 

Comida francesa ! (04/06)

 

    Le lendemain, toute une partie de l'équipe se réveille avec la tête lourde. Étrange, non ? Mais nous n'avons pas le temps de nous éterniser, aujourd'hui nous cuisinons français pour quarante ! Les enfants sont enthousiastes et curieux. Beaucoup nous aident à peler les pommes de terre, à couper les légumes et les fruits. Comme nous ne savons guère utiliser le four, nous avons du mal à faire gratiner notre hachis Parmentier, tandis que notre tarte bananes - noix de coco est un peu brûlée sur le rebord. Ce sera pourtant une vraie réussite. Les enfants se resservent quatre fois et nous avons partagé un très agréable moment à préparer ce festin avec eux.

 

DSC00733On pèle les pommes de terre tous ensemble

 

DSC00740Le résultat : trois belles tartes bananes - noix de coco

 

    Après le déjeuner, nous projetons de faire un petit tour en barque avec les éducatrices et les enfants. L'adolescent qui gouverne l'embarcation nous mène jusqu'à un élevage de truites. Une moitié des gamins nous attend sur le bord avec impatience. Pour mettre pied à terre, nous devons passer sur un autre bateau. La propriétaire de ce dernier est en fait la tante du jeune garçon. Elle lui interdit de faire le deuxième tour de cinq minutes avec l'autre partie des enfants, car elle considère que nous abîmons la peinture de son rafiot... C'est si facile de décevoir une vingtaine de paires d'yeux rêveurs ! De retour, je prépare le dîner : saucisses aux lentilles. Un franc succès de nouveau : cela change les mômes des plats boliviens. En fin de soirée, dans le lit, à peine ai-je le temps de me dire « préparer à manger pour quarante, c'est un métier », que je m'endors heureuse et fatiguée.

 

Huatajata, le 04/06/2011

Asuka et Guéno

 

DSC00755Petite balade en barque sur le Lac Titicaca

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
H
<br /> <br /> Bravo pourtout ce que vous faites pour ces populations  !! C'est interessant et interpellant ...<br /> <br /> <br /> Bonne route !<br /> <br /> <br /> Helene<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> <br /> Vous nous mettez l'eau à la bouche avec ces belles tartes ; au retour vous nous en confectionnez une de même taille.<br /> <br /> <br /> Bise<br /> <br /> <br /> Michel et Eliane<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre