La colonie de vacances (26/03/2011 - Colonia del Sacramento)
Une tempête de tranquillité (25/03)
En à peine un peu plus d'une heure de navigation, on rejoint Colonia del Sacramento. Mais ce petit trajet en catamaran est bien plus qu'un simple voyage : c'est un transport sur une autre planète. Car les grues et les entrepôts du port de Buenos Aires ne sont pas simplement éloignés des côtes tranquilles de l'Uruguay par les eaux troubles et boueuses du Río de la Plata ; un gouffre sépare les deux mondes. En venant de la capitale porteña, mettre les pieds sur la Banda Oriental (l'ancien nom du petit voisin), c'est quitter la tempête pour échouer avec soulagement sur une île vierge éclairée de soleil, c'est abandonner la turbulence et le bruit pour la langueur et la sérénité.
Accrochée à la Puerta de Campo (elle fut inaugurée en 1745
sous la régence du gouverneur portugais Vasconcellos)
Dès lors, la visite de Colonia, petite cité classée Patrimoine Mondial par l'UNESCO, pleine de charme malgré le ciel bas de cette journée, devient accessoire. L'attention est retenue ici par le calme omniprésent, qui tranche avec l'Histoire mouvementée de la cité (du fait de son importance stratégique sur le Río de la Plata, elle ne cessa de passer d'une main à l'autre entre Espagnols et Portugais du XVIIème siècle au début du XIXème, au gré des guerres et des traités). Ici, le rythme se ralentit, les jardins fleuris remplacent le béton, et les pépiements des oiseaux se substituent aux rugissements des automobiles (nous ne sommes pas seuls à le penser, puisque de nombreux habitants de Buenos Aires rejoignent Colonia dès le week-end venu...).
Vue générale de Colonia depuis le sommet du phare
Petits plaisirs et mate
L'Uruguay, terre des gauchos, offre avec ses grandes étendues agricoles un remède contre le stress, un champ infini à la rêverie. Une rêverie tranquille que seule une pointe d'ennui vient parfois troubler. Dans ce pays, les petits plaisirs sont rois. Comme celui de cette carbonara préparée avec amour le soir venu, et dégustée dans un sourire...
Comme celui aussi du mate, une religion ici, plus encore qu'en Argentine ! Pour les non initiés, de quoi s'agit-il ? D'un petit récipient arrondi (le mate), dans lequel on fait infuser des feuilles séchées et hachées de yerba mate (issues d'un arbuste dénommé Ilex paraguariensis). Le breuvage bouillant en résultant, amer au goût mais apaisant pour les esprits, s'aspire avec délectation grâce à une sorte de paille métallique, souvent un véritable objet d'art, appelée bombilla. Boisson traditionnelle des indiens guaranis, elle a été complètement adoptée par les habitants de l'ancienne Banda Oriental. A les voir à l'œuvre, on peut d'ailleurs s'interroger s'il ne s'agit pas d'une drogue... Car que ce soit au volant (malgré une interdiction dans le code de la route), sur leurs mobylettes, au travail, ou encore le soir, assis sur des chaises pliantes le long des rues, les Uruguayens semblent inséparables de leur mate et de l'indispensable et encombrant thermos rempli de liquide brûlant qui lui est associé ! Pour sûr, les tests d'entrée en maternelle comportent une épreuve de marche avec les ustensiles sacrés... Certes, c'est une manie risible pour les débutants que nous sommes, mais ô combien importante dans la vie sociale du pays, à une époque où la communication non virtuelle est par chez nous un bien précieux.
Colonia, le 26/03/2011
Guéno