L'arrêt sympa (13/07/2011 - Arequipa)
En route vers la douceur ! (11/07)
Six heures de route nous sont nécessaires pour joindre Arequipa depuis Puno. Nous traversons le monotone Altiplano jauni. De rares monts enneigés et quelques lagunes azurées arrosent ce paysage sec. L'impitoyable soleil de ces hautes altitudes a transformé notre bus en four. Mais nous survivons à cette rôtisserie !
Après un dernier col à 4300 mètres, nous plongeons littéralement vers Arequipa (située à 2300 mètres d'altitude, son nom pourrait avoir la signification de « près de la montagne » en aymara). Une banlieue pauvre précède notre entrée dans la majestueuse « ville blanche ». Il fait nuit quand nous faisons connaissance avec le centre historique classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Trop habitués à la tranquillité du lac Titicaca, nous sommes un peu perdus dans cette cité dynamique. En effet, il s'agit de la deuxième ville du pays, avec ses presque neuf cent mille habitants. La population, plutôt jeune, profite comme nous de la clémence du climat sur la place principale illuminée. Nous déambulons et découvrons des patios apaisants au doux parfum colonial, se dissimulant entre deux boutiques hyper-modernes. L'heure passe et la faim vient. Mais il est difficile de trouver un restaurant qui ne soit ni un fast-food, ni un restaurant luxueux. Finalement, ce sera un végétarien...
La Plaza de Armas avec en arrière-plan la Cathédrale
Bâtiment universitaire du centre-ville
Repos dans un patio ensoleillé
Les charmes du Pasaje Cañón (ou Pasaje de la Catedral)
Bon vivre au pied des volcans (12/07)
Le lendemain, nous optons pour du repos. Ainsi, nous « brunchons » de fritures locales (cf. article culinaire à venir) avant de nous diriger vers le charmant quartier de Yanahuara. En plus d'être situé en hauteur et de jouir d'une vue imbattable sur le fameux volcan Misti, ses petites bâtisses anciennes ont trouvé un joyeux équilibre entre murs blanchis à la chaux et végétation foisonnante. Il fait bon vivre sur ses nombreuses terrasses au soleil. Puis, nous rentrons vite à pied puisque le match Pérou vs Chili de la Copa America nous attend ! Heureusement, malgré la défaite, le Pérou se qualifie. Ouf ! Pour le dîner, nous savourons la raffinée cuisine locale : des fruits de mer en soupe (le chupe) et de l'alpaga sauté aux légumes. Mais le mieux sera le dessert : de délicieuses crêpes aux fraises aréquipéniennes, une merveille !
Quartier Yanahuara : en fond le volcan Misti (un air de Mont Fuji, non ?)
Entre marché et couvent (13/07)
Pour notre dernier jour à Arequipa, nous visitons les deux spots immanquables : le marché San Camilo et le monastère de Santa Catalina. Au premier, nous dégustons les spécialités populaires telles que la papa rellena (pomme de terre fourrée à la viande) ou les tamales (purée de maïs servie dans une feuille de maïs), et un cocktail de jus de fruits qui en plus d'être goûtu est servi généreusement.
Un magnifique stand de fruits !
Le pays de la pomme de terre...
Même si l'entrée à la seconde curiosité est chère, cette cité religieuse fondée en 1579 est vraiment impressionnante de par son étendue et son état de conservation. Tous les bâtiments importants d'Arequipa sont construits en sillar, pierre volcanique blanche. Les murs sont assez épais afin de résister aux tremblements de terre réguliers de la région. Quant au monastère, il utilise habilement le contraste de cette blancheur simple avec de vives couleurs, alternativement bleu ou rouge, revêtant les murs des rues ou des patios. Le blanc, lui, était réservé aux cellules des nonnes.
Voici le plan de cette gigantesque cité monastique
Le magnifique Cloître des Orangers, en plein milieu du couvent
Rassurez-vous, Asuka n'a pas prévu de rentrer au couvent !!
En effet, Santa Catalina hébergeait plus de quatre cent cinquante sœurs et servantes. Les appartements de ces dames s'organisaient autour de différents patios lumineux, joyeusement peints et fleuris. Ces chambres étaient réparties soit en fonction du statut de l'occupante (novices, supérieures...), soit rachetées de nobles à nobles. En fait, cette ville dans la ville était luxueuse. Certaines femmes disposaient de quatre servantes et d'une cuisine particulière. Elles y étaient accueillies avec leurs filles et leur dot importante. Bien que recluses, il y avait d'organisées des festivités entre représentantes du sexe faible. On y pratiquait beaucoup la musique. En revanche, les hommes devaient demander l'autorisation auprès de la hiérarchie catholique pour s'introduire dans cet îlot paisible. Cependant, Flora Tristan, la grand-mère de Gauguin, y séjournant en tant que féministe engagée en 1833 (elle raconta son passage au Pérou dans « Pérégrinations d'une paria »), dénonça le luxe auprès de l'évêque qui remit de l'ordre... dans les ordres !
Dans le dédale des ruelles monastiques
Le Cloître principal (dessin d'Asuka)
Aujourd'hui, il reste quelques trente sœurs qui profitent du charme du dédale des ruelles rayonnantes de rouge, et des patios au bleu roi apaisant. Derrière, omniprésent, le mont Misti protège de ses 5825 mètres ce gigantesque couvent. Mais après avoir goûté aux plaisirs relaxants des fastes passés, nous devons courir rejoindre notre bus aux vitres givrées, pour Cuzco.
Arequipa, le 13/07/2011
Asuka