De l'autre côté de la frontière (Victoria Falls - 18/07/2012)
Le 17/07, un long trajet en bus nous mène au sud-ouest de la Zambie, à Livingstone. Mais nous repoussons à un prochain article le détail de nos pérégrinations dans le coin. Car aujourd'hui, 18/07, jour du quatre-vingt-quatorzième anniversaire de Nelson Mandela, nous avons choisi, pour découvrir cette merveille de la nature que sont les chutes Victoria, de tenter une escapade au Zimbabwe.
La frontière
Ce matin, nous allons donc passer notre première frontière terrestre africaine ! Après nos péripéties centrafricaines, nous en attendons quelques difficultés. Alors pour nous y préparer, nous avalons, dans le mini-bus, un énorme muffin à la vanille (en fait, il s'agit plus d'un cake portionné à la taille américaine), un coconut scone à la densité digne d'impressionner Newton ou Archimède, et un véritable zambian coffee dilué, au choix, à l'eau chaude ou au lait. Au bout d'une dizaine de kilomètres, on nous dépose devant la douane zambienne. Pas de file d'attente, un coup de tampon rapide et hop c'est plié ! Même pas une question, une fouille ou une tentative de chantage quelconque !
Vue sur le "knife-edge bridge", une passerelle piétonne conçue
côté zambien pour admirer de plus près les chutes
Heureusement, le kilomètre menant au fameux Victoria Falls Bridge est bien plus animé. De nombreux zimbabwéens se succèdent, nous présentant de l'artisanat local « with a special price for you », ou nous vantant les joies du saut à l'élastique, depuis ce pont perché à plus de 120 mètres au-dessus du Zambèze. Ce joli travail de métal, construit au début du XXème siècle, tremble au passage de chaque camion. Difficile d'y être insensible pour une enfant de la Tour Eiffel !
L'Eastern Cataract et le Zambèze aperçus depuis le pont frontalier, le Victoria Falls Bridge
Un kilomètre de plus, entre phacochères, babouins et vervets, et nous passons la douane zimbabwéenne tout aussi simplement que chez leurs voisins, à condition de s'acquitter des 30 $ de visa.
Face à face sous un camion !
Obtention du sésame : le visa zimbabwéen...
Le Victoria Falls National Park
Très vite, nous atteignons l'entrée du parc. Celui-ci est bien aménagé : des panneaux introductifs nous expliquent que la faille s'est creusée, il y a plusieurs millions d'années, suivant une direction est-ouest, dans un basalte nouvellement né d'une coulée de lave. Puis, d'un lac proche, l'eau et les sédiments se sont écoulés vers le gouffre, formant peu à peu ces cascades et le quatrième plus long fleuve d'Afrique, le Zambèze. David Livingstone, célèbre explorateur écossais, fut le premier occidental à faire connaître ces chutes, autour de 1855. Il donna son nom à l'île dominant le précipice, juste en amont des chutes, ainsi qu'à la ville voisine, côté zambien.
L'esprit éclairé, il est temps de découvrir la nature ! Une jungle épaisse contraste avec un pays jauni et usé par le soleil. Nous nous émerveillons devant de petits oiseaux aux tons flamboyants (bleus, jaunes, rouges), se mélangeant si bien avec leur environnement.
Dans le petit bout de jungle s'étirant le long des chutes
Méfiance ! Les babouins jaunes (cynocéphales) sont nombreux dans le coin,
et mieux vaut ne pas se promener avec de la nourriture de manière ostentatoire...
Voilà enfin la cascade du diable (Devil's Cataract) qui surgit ! La moins haute (environ 70 mètres) mais la plus puissante du site : son débit est incroyable. Plusieurs points de vue permettent de profiter pleinement du spectacle. Peu à peu, nous avançons le long de ce mur d'eau : l'île de Livingstone, puis les Horseshoe Falls (chutes du Fer à cheval), se tarissant en saison sèche, et enfin les Rainbow Falls (chutes de l'Arc-en-ciel), les plus hautes (107 mètres). Plus nous nous approchons, plus nous sommes arrosés par des milliards de gouttelettes projetées du sol aux cieux, comme des messagers envoyés par la nature toute puissante. Nous apercevons à peine, dans cette tempête, les chutes s'écraser au fond du précipice. Admiratifs, nous nous laisserons volontiers tremper, sans dire un mot. Face à ces agitations aquatiques, l'homme ne peut que s'en tenir au silence. Bien plus tard, nous nous décidons enfin à détacher nos yeux de ce tumulte, source de vies, pour sécher au soleil face à l'enchaînement des sauts à l'élastique depuis le Victoria Falls Bridge. Toujours les même cris, les même rebonds et la même remontée lente et régulière.
Les Main Falls (93 mètres), avec en arrière-plan l'île de Livingstone
Le nuage de gouttelettes, un vaporisateur géant !
Zambezi Drive et la ville de Victoria Falls
Après un chicken pie, nous sortons de cet atmosphère humide pour rejoindre une promenade le long du Zambèze (Zambezi Drive). La savane est sèche, le lieu désert. Des panneaux et des Zimbabwéens nous avertissent : attention aux animaux méchants ! Et ici, ce ne sont pas des chiens ou chats colériques, mais des éléphants, lions ou crocodiles... Sur nos gardes, nous faisons donc nos premiers pas sur ce chemin réchauffé par le soleil du début d'après-midi. Mais rien ne s'anime : nous ne verrons que de magnifiques baobabs et de jolis oiseaux.
Le long du large Zambèze, bordé de palmiers Ilala et parsemé d'îlots en amont des chutes
Nids de tisserins, le long de Zambezi Drive
Nous arrivons, alors, au Big Tree, le plus gros baobab du pays, vieux de près de 1500 ans. Avec ses 18 mètres de circonférence, il domine les arbres mitoyens que sont l'Umbrella Thorn (acacia) et le Sausage Tree (saucissonnier), aux fruits bien étranges.
Toute petite au pied du Big Tree ! Nous avons eu la surprise de constater; en y arrivant,
que l'arbre était surveillé par... la police touristique zimbabwéenne !!!
Impressionnant, non, le fruit de l'arbre à saucisses (Kigelia africana) ? Les fleurs de cet arbre
émettent la nuit une odeur nauséabonde, attirant les chauve-souris qui les pollinisent. Cela donne
ensuite naissance à ces fruits très durs, mesurant plus de 50 cm et réputés non comestibles (si ce n'est
pour les éléphants qui parviennent à les briser), mais dont on tirerait quelques remèdes locaux...
Au bout de la route, nous arrivons au village moderne et sans charme de Victoria Falls. Sans nous y attarder, nous revenons donc aux postes frontières, sans aucune histoire, ni arnaque. Un taxi nous reconduira à Livingstone, au Jollyboys, où il est si agréable de se reposer avec un bon dîner de nshima.
Victoria Falls, le 18/07/2012
Asuka