Chacaltaya et Valle de la Luna, nous voilà ! (12/06/2011 - La Paz)
Retour à la maison !! (10/06)
Ce vendredi est pour nous un jour de repos. On prend la direction de La Paz en fin de matinée. Le trajet est toujours aussi splendide. Coincée au départ entre lac et cerros, la route donne soudain l'impression de foncer droit sur la masse du Huayna Potosí. Mais, à la faveur d'une nouvelle courbe, c'est désormais sur l'Illimani, encore plus impressionnant, que nous nous dirigeons. A la vitesse où roulent les Boliviens, on pourrait même croire que l'on va s'y écraser... Une fois le dos tourné au lac, s'étalent de part et d'autre des villages d'adobe et de misère, menacés par les nuages presque violets qui dominent la Cordillère Royale. Visions magiques de l'Altiplano... Puis les bourgades deviennent villes, ce territoire rude fixant étonnamment les populations, comme un aimant à précarité. Les publicités pour les groupes de télécommunication fleurissent dans ce décor, tâches de peinture sur murs ocres. Et soudain, vers la Ceja, à l'ultime limite du plateau, surgit La Paz. Ce panorama est la « chance » d'El Alto, immense ville déshéritée s'il en est, où rien n'est fini, où rien n'est fixé.
Comme à chaque fois que l'on revient dans la grande cité bolivienne, nous nous faisons plaisir : hôtel avec eau chaude, restaurants, cafés, laverie (marre de la lessive à la main), internet et achats de nourriture (pour réaliser des réserves en vue du retour à Huatajata) sont au programme du week-end...
Comme des condors, à plus de 5000 mètres (11/06)
Aujourd'hui, nous faisons du tourisme : nous avons réservé auprès d'une agence, car les différents sites sont souvent difficiles d'accès (faute de transports en commun, en particulier vers la Cordillère Royale). Notre première destination de la journée : Chacaltaya.
Le mini-bus s'élève progressivement dans La Paz, jusqu'à ce que les habitations ne soient plus que des gouttelettes de vie dispersées au creux d'une vallée encaissée. Avec l'altitude, l'asphalte s'est transformée en terre, mais le paysage semble se bonifier plus l'intervalle entre deux cahots se rapproche. Après une heure de route, nous voilà au cœur de l'Altiplano, aride et désolé. Au loin, derrière nous, El Alto semble se retenir de toutes ses forces pour ne pas plonger en une chute infernale dans la vallée de La Paz. Devant nos regards se dresse la masse imposante du Huayna Potosí, qui n'a décidemment pas fini de nous narguer.
Asuka sur l'Altiplano, avec en fond les 6462 mètres du Nevado Illimani, le protecteur de La Paz
Guéno montre la voie : le Huayna Potosí, un futur objectif peut-être ?
Peu à peu, le chemin se rétrécit et s'emmêle en courbes vertigineuses, la rocaille devient plus rude, la pente plus forte. De curieux appareils de mesures physiques jalonnent la fin du parcours. Ça y est, nous voilà à Chacaltaya, à 5300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il y a peu encore, c'était la station de ski des Paceños, mais la fonte des glaciers a précipité son abandon et les installations métalliques commencent à rouiller tristement dans le vent. Seuls subsistent ici un refuge, un centre de recherche médicale sur l'altitude, ainsi qu'un laboratoire d'étude sur le rayonnement solaire.
Au bout de la piste...
Le chemin menant à Chacaltaya, vu depuis le refuge
Lagunes multicolores que l'on peut admirer lors de la montée au Cerro Chacaltaya
Il nous reste cent mètres de dénivelé pour parvenir au sommet du cerro (5395 mètres) : pas vraiment un défi, mais plutôt une balade agréable (Asuka n'est pas complètement d'accord avec moi, mais elle est affaiblie ce jour par un mal de ventre handicapant), ouverte à tous, jusqu'à l'un des plus beaux belvédères sur la Cordillère Royale.
Au sommet (à 5395 mètres). Au loin, le Mururata (à gauche) et l''Illimani (à droite).
Vue sur le Cerro Chacaltaya, en arrière-plan (Asuka)
On a marché sur la lune !
Nous enchaînons ensuite sur une descente folle vers les quartiers Sud de La Paz. En seulement 1 heure 30, nous passons de 5400 mètres à 3200 mètres. Au bout de la chute, c'est un autre monde ! Nous sommes chez les riches, dans le quartier de Mallasa. De belles demeures entourées de murs se succèdent au fond d'un étroit défilé, des joggeurs envahissent les parcs. Même le climat est différent : le froid a disparu, les piscines peuvent s'étaler sous le vaillant soleil, au milieu des cactus.
Valle de la Luna
Surveillée par la Muela del Diablo (la molaire du diable), une formation rocheuse à la silhouette suggestive, la Valle de la Luna vaut un petit détour. Sur un circuit bien aménagé, nous pouvons nous promener entre stalagmites, canyons, crevasses et cheminées de fée, fruits d'une érosion millénaire. Ce décor argileux, royaume des viscaches (petits rongeurs étranges, entre lièvres et écureuils) et des plantes grasses, est en perpétuelle évolution. Chaque centaine de mètres, un panneau propose une interprétation imagée de la forme éphémère, destinée à se transformer avec les prochaines pluies d'été, qui se dresse devant nous : le bon grand-père, le chapeau de la Dame, la Mère-Lune, la fenêtre sur le Sud...
La Paz, le 12/06/2011
Guéno
La Cordillère Royale depuis le sommet du Cerro Chacaltaya,
avec en arrière-plan la masse imposante du Huayna Potosí