Cela en valait la Paine... (12/02/2011 - Puerto Natales)
Terre de légendes et de géants (08/02)
A trois heures de Punta Arenas se trouve Puerto Natales, en bordure de la Bahía Ultima Esperanza, qui vient ici clôturer un immense fjord. Cette petite ville sereine, point de départ pour les nombreux trekkeurs du Parc National Torres del Paine, est aussi une terre de légendes : loups de mer, gauchos, chercheurs d'or, ont fait de la région leur terrain de jeu il y a un siècle, si bien contés par l'auteur chilien Francisco Coloane. C'est d'ailleurs une grande statue du Mylodon (sorte de paresseux géant préhistorique, dont les ossements ont été découverts au XIXème siècle dans une grotte non loin de Puerto Natales) qui nous accueille à notre arrivée, contribuant à cet enchevêtrement de mythes et de réalités propre à la Patagonie.
Puerto Natales nous permet de nous reposer un peu, avant d'attaquer trois jours et demi d'un magnifique trek en forme de « W » dans le Parc National Torres del Paine (plus de 80 kilomètres à pied tout de même !). Certes, ce parc, sorte de « Mecque du randonneur », présente ses désavantages : certains chemins sont plus encombrés qu'une salle des professeurs à la récréation du mercredi matin ! Mais chaque branche du « W » vient tellement nous rappeler la puissance de la nature, que le manque de solitude ainsi que l'impression de réaliser un demi-squat à chaque pas, ployés sous le poids des sacs, sont vite oubliés... A-pics formidables des trois Torres, flots furieux du Río del Francés, gigantesque langue de glace du Glaciar Grey : je laisse la plume à Asuka pour décrire tout cela.
Malgré tous les efforts de la Commission mixte parents d'élèves / professeurs
en charge du "poids des cartables", on voit bien que tous les problèmes
n'ont pas encore été résolus ! (les enseignants me comprendront...)
La petite fourmi Asuka à l'assaut des Torres del Paine
Notre premier trek (du 09 au 12/02)
Après avoir laissé à Puerto Natales le gros de nos affaires et réalisé les réserves alimentaires nécessaires, deux nouvelles heures de bus nous ont menés aux portes du parc, nous laissant entrevoir guanacos, nandous et flamants roses. Nous sommes chargés. Guénolé porte un sac de vingt kilogrammes, et moi un d'une quinzaine. Dès les sept premiers kilomètres, un peu monotones car le long d'une piste sillonnée par les mini-bus de ceux qui préfèrent s'éviter un surplus avant les vrais sentiers, la marche est dure et un soleil de plomb (étonnant sur ses terres patagonnes) nous assoiffe sans répit ; commence alors une longue ascension le long de la vallée du Río Ascencio (qui porte bien son nom !), branche initiale de notre « W ». Il fait chaud, le poids des sacs alourdit chaque pas. La pente est sèche et difficile, la montée pénible. Nous sommes dépassés par des randonneurs sans sac, en promenade (dur pour l'ego !). Heureusement, nous atteignons le campamiento Las Torres assez tôt afin de profiter plus haut (une fois les horribles sacs déposés) d'un point de vue sur les trois célèbres Torres chiliennes se détachant sur un ciel bleu clair. Belle récompense !
Les Torres del Paine
En version noir et blanc
Le lendemain, le réveil est difficile. Les sacs restent lourds, et les séquelles des efforts de la veille se font bien ressentir. Le chemin pour rejoindre la vallée du Río del Francés est plus solitaire, parsemé de vues splendides. Très agréable au début, rapidement il devient long, puis insupportable pour nos épaules et nos pieds endoloris, car il monte et descend sans cesse tel des montagnes russes, coincé qu'il est entre l'interminable Lago Nordenskjöld et les sommets du Monte Almirante Nieto et des Cuernos del Paine. Le soleil continue de taper sur les brûlures laissées la veille et les muscles sont plus que jamais engourdis. Exténués et abattus, nous arrivons enfin à 19h30 au campamiento Italiano, au bas de la Valle del Francés.
Petite dédicace aux collègues de Condorcet : le gant de toilette
offert avant le départ m'est d'une grande utilité (ici, au lac Nordenskjöld)
Le troisième matin, nous décidons d'abandonner un temps nos sacs pour suivre la Valle del Francés jusqu'à un mirador situé au cœur d'un cirque glaciaire. Légers, reposés, le chemin nous semble plus facile. A chaque mètre gagné, le long d'un torrent d'une violence spectaculaire, le paysage se transforme, devenant de plus en plus impressionnant. De temps à autre, des plaques de neige du Glaciar del Francés, dominé par le Cerro Paine Grande (3050 m), s'écroulent à notre gauche dans un bruit fracassant. Au loin, des montagnes noires font les coquettes en se parant de roches orangées, beiges ou grises. La neige est presque palpable le long des sous-bois.
Le Glaciar del Francés dominé par le massif du Paine Grande
Cirque glaciaire en haut de la Valle del Francés
Puis nous rebroussons chemin, direction le campamiento Grey, en haut de la troisième barre de notre « W ». La première partie, facile jusqu'au Lago Pehoé, nous met en confiance, alors que le temps se gâte un peu. Malheureusement, à partir du vingt-cinquième kilomètre du jour, les usures de la veille reviennent et le mental est affaibli par les fatigues accumulées cette journée. Vers 19h30, deux Chiliens nous lancent un « Fuerza, media hora para el campamiento »... Les corps douloureux, mais fiers d'avoir mis un jour de moins que ne le prévoient les guides, nous arrivons avec le sourire au dernier campement. Le fameux Glaciar Grey, léchant le lac du même nom, nous accueille fraîchement, pourtant à peine à trois cents mètres d'altitude. Un dîner aux chandelles et en doudoune vient clore la plus longue journée de marche de ce trek.
Le Glaciar Grey
Devant le gigantesque Glaciar Grey
Le quatrième matin, nous quittons les eaux laiteuses du Lago Grey et nous reprenons le chemin vers le Lago Pehoé longé la veille. Un catamaran nous ramène en quelques dizaines de minutes à l'une des entrées du parc, puis nous nous laissons aller au sommeil dans le bus retour vers Puerto Natales...
Puerto Natales, le 12/02/2011
Asuka et Guéno
Et pour finir, une petite dédicace à Thierry qui reconnaîtra forcément
ce restau de Puerto Natales et aura une pensée émue pour son "asado de cordero" !