Okinawa Churaumi Aquarium
Une plongée merveilleuse... dans un aquarium (Motobu, préfecture d'Okinawa, Japon)
Ce samedi, nous avons consacré une bonne partie de la journée à la visite d'un des plus grands aquariums du monde, l'Okinawa Churaumi Aquarium. Et comme nous avons trouvé le site vraiment exceptionnel, il méritait bien un article à lui tout seul !
Établi le long de la côte ouest d'Okinawa, sur la péninsule de Motobu, une grande presqu'île couverte de petites montagnes chapeautées de nuages, l'aquarium est au centre d'un grand complexe nommé l'Ocean Expo Park. Celui-ci, comprenant plages, musées divers, attractions pour enfants et jardins tropicaux, est évidemment un site envahi de milliers de touristes, mais son aménagement est plutôt bien pensé.
L'aquarium en lui-même est constitué de dizaines de bassins, occupant un bâtiment construit sur quatre niveaux. Chaque niveau reproduit un écosystème particulier : on part des rivages ensoleillés, pour s'enfoncer progressivement dans le monde mystérieux des plus sombres abysses ; on commence par les étoiles de mer reposant sur le sable à quelques pieds sous la surface, et l'on termine en découvrant les étranges créatures, poissons bioluminescents ou mollusques étonnants, vivant à plus de deux cents mètres de profondeur, dans d'obscures ténèbres quasi insondées.
Tête de renard à une tâche (Siganus unimaculatus) ; dans la foule derrière nous, deux Japonaises s'écrient, à propos des poissons : "Oh ! Ils ont l'air d'être bons !" (question de perception, ou encore de culture...)
En quelques heures, c'est toute la faune aquatique locale qui se laisse admirer sous nos yeux, multitude colorée et extravagante, dont la richesse vient défier l'imaginaire. Si la mer de Chine orientale, qui baigne Okinawa à l'ouest, est aussi prodigue, cela vient de la conjonction de trois facteurs majeurs. Tout d'abord, elle profite des bienfaits apportés par le Kuroshio, le « courant noir », second plus grand courant marin après le Gulf Stream, et qui transporte les chaudes eaux tropicales vers le nord. Ensuite, les poissons se plaisent particulièrement dans les récifs coralliens qui par ici abondent. Et par-dessus le tout, les deux grands fonds océaniques situés de part et d'autre des îles Ryūkyū (Okinawa étant la principale de celles-ci), favorisent la biodiversité en multipliant les différents habitats possibles.
La Rascasse volante (Pterois volitans), encore appelée poisson scorpion ou poisson-lion, possède des épines venimeuses provoquant une piqûre douloureuse (sa toxine peut même être mortelle pour les humains)
Le Poisson-pierre, ou Synancée, est le poisson le plus venimeux au monde ; ses épines dorsales peuvent percer une semelle de chaussure et son venin est un puissant neurotoxique paralysant les muscles et attaquant le système nerveux
Pour se rapprocher au maximum des conditions du milieu naturel, l'eau des bassins est prélevée au large, à trois cents mètres de la côte et à vingt mètres de profondeur, puis acheminée via d'immenses conduits d'admission. Ces prouesses technologiques, alliées à la taille de certains aquariums, permettent ici quelques expériences exceptionnelles : l'élevage de corail en vue de sa réimplantation dans l'océan, et surtout le maintien en captivité de mythiques requins-baleines (Rhincodon typus), facilitant ainsi l'étude de ce poisson, le plus grand du monde.
Mais trêve de mots, voici en images et en vidéos le résumé de ces quelques heures, avec tout d'abord une plongée dans les eaux couleur bleu cobalt du récif de corail.
En descendant dans la structure, nous parvenons au gigantesque bassin de la « Mer du Kuroshio ». La perception des réalités se trouve ici brouillée. Sommes-nous face à l'eau, ou bien face au ciel ? Ces raies, agitant élégamment et majestueusement leurs ailes, ne donnent-elles d'ailleurs pas l'impression de voler ? Captivés par le spectacle des requins-baleines, les nombreux touristes Japonais collés aux vitres ne cessent de clamer des « Sugoi ! » retentissants (« Super, extra, génial ! »). Face à l'aquarium, un petit café permet de se restaurer en profitant du spectacle marin, comme au cinéma...
Enfin, hors de la structure de béton, en plus des quelques bassins extérieurs abritant lamantins et tortues marines, un amphithéâtre permet d'admirer le traditionnel spectacle des dauphins. Ces animaux seraient-ils mieux dans la nature ? Certainement, mais bien ou mal, ce qui ne fait pas débat, c'est leur incroyable intelligence et l'agilité étonnante de leurs prouesses...
En fin d'après-midi, il est temps pour nous de reprendre le chemin de Naha, la grande ville. Une fois quittée la péninsule de Motobu et les embouteillages côtiers, nous finissons par rejoindre l'unique autoroute à péage. Bordée de vertes forêts épaisses, elle s'étend sur la motié méridionale d'Okinawa, formant une véritable épine dorsale, à force de s'entêter à suivre la ligne de crête des petits reliefs parcourant le centre de l'île, du nord au sud.
La dernière soirée à Naha, à flâner dans sa rue commerçante, entourés par l'obscure et chaude nuit tropicale, est bien agréable. Mais le retour à Tōkyō du lendemain lui donne comme un parfum de fin de vacances.
G / Tokorozawa, Japon, juin 2015